Mois : décembre 2018

par Michel Maffesoli


Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne, membre de l’Institut Universitaire de France, nous donne son analyse du phénomène des “gilets jaunes” et des grandes mutations qui touchent la société française.


Contrairement à ce que disent de nombreux commentateurs, les « gilets jaunes » ne constituent pas un phénomène complètement inédit. Certes, la dégradation de certains de nos lieux et monuments les plus symboliques, les violences physiques, les blessures, les incendies sont des événements particuliers, d’une intensité importante. Mais, comme le notait déjà Durkheim, tout phénomène « d’effervescence » sociale sécrète des « à côté » incontrôlables.

Le « clapotis des causes secondes » ne doit pas nous empêcher de voir ce qui est essentiel : ainsi le fait d’entendre parler de « refus de la représentation », de « déni de la démocratie », d’un mouvement qu’on ne peut pas canaliser, etc. En bref, il s’agit d’un mouvement sans leader et sans revendication explicite ou en tout cas rationnelle ; et d’un mouvement comme les commentateurs le constatent avec dépit dans lequel « on ne peut plus distinguer les “vrais” gilets jaunes des casseurs ».

La Fab City de Barcelone ou la réinvention du droit à la ville

Dans ce second article consacré aux villes créatives espagnoles (voir ici l’article d’introduction à la « spanish touch »), Raphaël Besson, directeur de Villes Innovations, analyse les transformations du modèle barcelonais. Axée sur la compétitivité et l’attractivité internationale, la stratégie urbaine et économique de Barcelone inaugure aujourd’hui une période de ré-encastrement social et territorial, en lien avec le projet Fab City et la création de fab labs dans les différents quartiers de la capitale catalane.

La mutation du modèle barcelonais de ville créative : de 22@ à Fab City

Dès la fin des années 1990, Barcelone s’interroge sur les mécanismes permettant la transformation d’une ville industrielle en une ville créative et adaptée aux exigences de la nouvelle économie. Comment créer un milieu attractif vis-à-vis des activités innovantes ? Quels sont les ingrédients à même de produire une atmosphère urbaine créative ? Ces questionnements vont inciter à l’écriture d’un plan métropolitain avant-gardiste car fondé sur une vision intégrée du développement économique et urbain.

L’enjeu : attirer les activités cognitives à forte valeur ajoutée, en lien avec les industries créatives, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ou les biotechnologies.

Afin de légitimer ce positionnement, Barcelone invoque une longue tradition dans les domaines de l’imprimerie, de la publicité, de l’architecture ou du design, et survalorise un héritage culturel issu de personnalités comme Gaudi, Picasso, Joan Miró ou Salvador Dali.

Le modèle barcelonais (Barcelona Digital, 22@Barcelona, Flickr, CC)